OVNIS : RR3 et hallucination objective

 
 
Publié le 18/09/2015| Philippe SOLAL, Professeur agrégé de Philosophie
 
Cet article a pour objectif d’approfondir la thèse selon laquelle le phénomène OVNI présente des manifestations qui sont à la fois physiques et psychiques. Cette étrange propriété d’être simultanément de nature physique et de nature psychique donne au phénomène l’un de ses plus puissants moyens de dissimulation et de brouillage car elle lui permet d’apparaître de manière sélective, c’est-à-dire de sélectionner les témoins qui, dans un groupe réuni au même moment et dans un même lieu,  percevront  l’OVNI, par rapport à ceux qui ne le percevront pas. Là se situe le secret de son étonnante élusivité, par laquelle il nous glisse constamment des doigts, comme une savonnette impossible à saisir, en jouant constamment sur deux plans, celui de l’extériorité physique et de l’intériorité psychique.
 
Cette propriété déroutante est, sans doute, l’une des plus complexes à éclaircir car l’explication proposée mobilise l’ensemble des concepts du nouveau paradigme sur lequel nous nous appuyons, celui d’une physique de la conscience et de l’information.
 
L’expression « d’hallucination objective », utilisée par plusieurs auteurs de l’ouvrage Ovnis et conscience, pour désigner cette propriété, est intéressante car elle réunit deux idées contradictoires (hallucination et objectivité)  mais  elle peut prêter à confusion et susciter de mauvaises interprétations que nous tenterons ici de dissiper.
 
I. Perception, hallucination et illusion
 
Que faut-il entendre par « hallucination objective » ?  En psychiatrie, une hallucination désigne un ensemble de représentations (auditives, visuelles, tactiles et même liées à l’odorat et au goût) considérées comme délirantes car elles n’existent que dans l’esprit du sujet qui en est affecté. L’hallucination est, par essence, subjective et individuelle et elle ne renvoie à aucune réalité extérieure au sujet. Elle peut se définir comme « une représentation sans objet », comme l’écrivait le psychanalyste Jacques Lacan.  Le concept d’ « hallucination collective »  a été, quant à lui, battu en brèche par la psychiatrie moderne, depuis la tentative opérée par Gustave Le Bon pour en fonder le principe à partir de la notion de « foule psychologique » (1895). Cette notion est rangée aujourd’hui au niveau des mythes de l’histoire de la psychologie et n’en constitue plus une catégorie opératoire.
 
a. L’hallucination est toujours individuelle. Elle n’est donc pas une perception mais une représentation psychique interprétée de manière erronée comme une perception par le sujet délirant. C’est le schizophrène qui entend des voix ou qui est soumis à des visions qui ne correspondent à aucune réalité extérieure à sa conscience. 
 
b. La perception est un processus cognitif qui est, par contre, universel et objectif puisque tout objet réel que je peux percevoir par l’entremise de mes sens (par exemple, la vue)  doit l’être aussi par tout autre.

A la lumière de ces deux définitions triviales, on voit qu’a priori la notion « d’hallucination objective » n’a pas de sens et qu’elle constitue une contradiction dans les termes.

c. Il faut bien se garder cependant de confondre  une hallucination et une illusion.  L’illusion est une forme de perception erronée mais elle est objective et universelle. Ainsi l’illusion d’optique du bâton que l’on voit brisé quand on le plonge dans l’eau est universelle (tout le monde voit la brisure) tout en étant erronée (le bâton n’est pas vraiment brisé). L’universalité vient ici des lois de notre perception visuelle et des propriétés de la lumière (lois de la dioptrie). L’illusion n’est donc pas une hallucination car cette dernière n’est pas une perception du tout.

 
II. Une rencontre rapprochée sélective
 
On va voir que le phénomène OVNI dans les situations dites de « rencontres rapprochées » va être en mesure de bousculer et de subvertir la classification que l’on vient de rappeler. Pour expliquer de quelle manière s’opère cette subversion nous allons nous appuyer sur un témoignage de RR3 d’une femme désignée par un pseudonyme (« Marie-Josèphe »), que l’on pourra écouter en se reportant au lien suivant.

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