OVNI/Humain : un espace commun

 
Publié par Jean-Jacques JAILLAT

« La gnose et la croyance ne sont pas du même ordre. Moi je ne crois pas en beaucoup de choses, mais je sais un tas de choses parce que vécues et non parce que j’ai lu ça quelque part. »   (Jean Casault, « Nous sommes tous supraconscients ! Mais peu nombreux… » : www.centretudeovnis.com)
 
« Rappelons-nous aussi que jamais une idée, si souple que nous l’ayons faite, n’aura la même souplesse que les choses. Soyons donc prêts à l’abandonner pour une autre, qui  serrera l’expérience de plus près encore. » (Henri Bergson, « La philosophie de Claude Bernard », in : Œuvres, PUF, 1970,pp. 1438-1439)

Depuis 50 ans que j’étudie le problème des manifestations OVNI, dans leur multiplicité, leur extrême variété, leur complexité, leur « inquiétante étrangeté », mes réflexions, couplées à mon expérience de terrain, me le font vivre, en quelque sorte, au quotidien, l’éprouver au plus proche de moi comme un compagnon de route, de pensée, d’interrogation. Je laisse raison et intuition « e colleter » l’une à l’autre, dialoguer ensemble, je tente de re-situer (et restituer) le phénomène dans notre réalité terrestre, physique et psychique. Au fil du temps (chronologique et méditatif), j’ai acquis la conviction que les manifestations que nous nommons « OVNI » (malgré le flou et l’imprécision que nous savons tous quant à cette expression) appartiennent en propre à notre réalité, se situent à l’intérieur de notre réalité comme un constituant parmi d’autres de celle-ci (mais peut-être bien un constituant fondamental de l’essence même de notre réalité). Autrement dit, il est endogène, et non pas exogène, c’est-à-dire en provenance d’un « extérieur à notre réalité ». Notre erreur serait de le considérer, de l’évaluer, à partir de notre perception des manifestations qu’il nous propose (impose ?), et donc, en particulier, comme une intrusion extraterrestre ou extraplanétaire, comme une visite étrangère à notre monde. Dès lors, nous ne pouvons plus en saisir la réelle spécificité, le caractère d’immanence, la nature d’élément constitutif de notre monde, d’appartenance  à la trame intrinsèque de celui-ci. Nous sommes en présence d’une « scène d’OVNI », une représentation. . Mais la réelle identité de l’acteur gît dans les coulisses. Et ces coulisses sont en notre monde, pas en-dehors. Tel un théâtre dont l’intégrale réalité inclut la salle, la scène, les coulisses et la machinerie.
Je limiterai, ici, mes constatations  au phénomène OVNI lui-même, mais je considère que l’ensemble des manifestations dites « paranormales » appartient, également, à cette même trame, à ce même tissu ontologique. Je n’aborderai pas, dans ce court article, l’étude des similitudes et des différences entre ces deux champs d’investigation, le « champ OVNI » et le « champ Psi », qui s’éloignerait de l’objet du présent texte. Il me semble que ces deux champs recouvrent des modes d’expression différents d’une possible unique réalité « X » endogène.
Il s’agit, par conséquent, d’élaborer un nouveau paradigme, de nouvelles structures conceptuelles, qui permettraient de penser autrement cette réalité que recouvre et exprime le phénomène OVNI,  de rendre compte de son articulation, physique, psychique, avec les structures et fonctions de notre monde.
Il existe, depuis toujours, une réalité alien au sein même de notre monde, constitutive de celui-ci. L’autre au sein du même. En ce sens, que certains de mes amis contributeurs d’ « OVNI et Conscience » parlent d’une exogénéité du phénomène ne me gêne ni ne me choque. Est « exogène » ce qui naît ou se génère du dehors. Ce « dehors », cet « extérieur », est l’aspect autre, « alien », du même ; il est accessible, et se rend accessible, par d’autres états de conscience. Il s’in-forme, comme j’ai tenté de le montrer dans mes « Prolégomènes à une phénoménologie OVNI » de notre ouvrage collectif, à partir de nœuds archétypaux, via des réseaux symboliques que je me propose de commencer à mettre à jour ultérieurement. Son mécanisme tient, sans doute, à une physique de l’information, telle que Philippe Guillemant nous la présente dans cet ouvrage.

Que l’on me comprenne bien : je ne suis pas en train de dire que le phénomène OVNI relèverait d’une explication « naturelle » qui expulserait son étrangeté au profit d’une normalité scientiste et mécaniciste bien convenue quoiqu’un peu dérangeante. Tout au contraire, l’ensemble des connaissances dont nous disposons sur le phénomène nous assure, à l’évidence, que nous sommes en présence d’une forme de vie dont les manifestations sont à la fois psychiques et matérielles, une forme de vie constituée d’entités dont la vraie nature nous échappe, mais qui s’avère plus que probablement, radicalement différentes, ontiquement et conceptuellement, de tout ce que l’on a pu imaginer jusqu’aujourd’hui. Cela parce que ces entités, ou ce « Système X » cher à Aimé Michel , ne relève pas d’une quelconque réalité extraplanétaire ou d’un monde  « parallèle au nôtre mais pensable comme monde parmi d’autres », mais bien plutôt, à mon sens, d’une réalité « méta-physique » (non divine, mais conceptuellement autre), en lien étroit, intime, avec notre psyché (ce qui signifie aussi que la nature profonde de notre psyché reste à découvrir, à identifier).

Ainsi, le phénomène nous vient de l’intérieur de notre monde, et non pas de l’extérieur (il va de soi que l’emploi de ces termes dualistiques « intérieur » / « extérieur », « dehors »/ « dedans » n’est pas fondamentalement adéquat pour rendre compte de « ce qu’il en est » réellement. Il faut donc les comprendre comme une simple facilité de démonstration et les relativiser). Un espace intérieur à celui-ci. En ce sens, on pourrait le dire « endo-exogène ». Il est d’un autre espace (ici encore, même remarque que  concernant nos dualités ci-dessus) en le nôtre.
Le nouveau paradigme, cette nouvelle approche nécessaire de l’ufologie, amène à penser différemment les manifestations  OVNI, bien sûr, mais, bien plus fondamentalement, la nature même de notre réalité et de notre psychisme, tant ses caractèristiques mettent en cause (et à mal) notre actuelle grille d’appréhension  épistémologique des phénomènes et du réel. Il est porteur de nouvelles interrogations et réflexions philosophiques qui, à terme, bouleverseront notre regard sur l’homme et le monde. La mise en perspective d’un lien interne entre l’inconscient, les états modifiés de conscience et une réalité alien endogène peut s’avérer riche de promesses sur le plan épistémologique. Apprenons à penser l’autre dans le même. En prenant conscience que nous sommes en présence d’une réalité avec laquelle nous avons beaucoup de choses en commun.

« Peut-être ce lieu lointain est-il en fait bien proche des profondeurs de l’esprit. » (Whitley Strieber, « Transformation », éd ? J’ai lu, 1989, p. 28.

 
Jean-Jacques JAILLAT
 

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