Le cas de Beausoleil (Ete 1951)

ETE 1951  (juin ou juillet – 21 h)

 
En 1977 le CRUN procéda à une enquête collective sur ce cas qui fut publié dans la revue Lumière Dans La Nuit (1), ainsi que dans le bulletin trimestriel de L’ADEPS (2).
Nous avions eu l’information par un membre qui appartenait à  la famille de Mme V, dernière survivante du trio qui fit cette observation. Nous passâmes un dimanche après-midi bien agréable chez cette dame qui se souvenait parfaitement des faits l’ayant tant marqué 26 années auparavant.

LES FAITS
 
L’observation étrange eut lieu un jour de l’été 1951, vers 21 h, sur une place publique de Beausoleil, près de Monaco, dans les Alpes-Maritimes.
Mme V, 40 ans, sans profession ; son mari, Mr V, 49 ans, électricien, et leur ami policier, Mr Y, 50 ans, avaient décidé de se rendre sur cette place publique où se déroulait une représentation théâtrale donnée par une troupe itinérante, comme cela se faisait encore en ce temps-là. La pièce jouée était le drame romantique « Lucrèce Borgia » de Victor Hugo.
Ils arrivaient en devisant tranquillement par la rue des Martyrs qui descend en pente douce jusqu’à la place en question. Ils étaient en retard et la représentation avait déjà commencé mais ils comptaient trouver quelques places assises encore libres, vers les tréteaux de la scène qui se jouait en plein air.
Il faisait toujours jour et le ciel était clair. Il a été impossible de faire préciser le mois exact, mais peut tabler sur juin ou juillet, vu qu’il faisait toujours jour et que le ciel était très clair.
 
En débouchant sur la place et de leur position légèrement dominante, ils virent alors tous les trois, à une cinquantaine de mètres de distance, un curieux spectacle : un objet ovoïde et transparent, légèrement incliné, se tenait au dessus et en arrière de la scène à environ sept mètres au dessus du sol. L’étrange engin était placé de manière à ne pas être vu, ni par le public qui lui tournait le dos, ni par les acteurs faisant face.
Il n’y avait pas de bruit particulier,  si ce n’est les répliques des comédiens qui devenaient de plus en plus audibles au fur et à mesure de la progression.
Intrigués mais croyant tout d’abord à quelque animation particulière, ils avancèrent tranquillement vers l’objet.
Ils purent alors distinguer de profil, un pilote qui se tenait assis vers l’avant de « l’oeuf » et vêtu d’une combinaison claire, à l’aspect maigre et âgé, portant une barbe assez longue et blanche. L’étrange personnage n’avait rien sur la tête, sa physionomie paraissait normale ainsi que sa couleur de peau, et il était penché vers l’avant, comme si lui aussi profitait du spectacle. A ses côté un deuxième individu se détachait, mais moins nettement visible. Le témoin ne se rappelait pas d’autres traits morphologiques plus précis.
 
A cet instant, Mme V était parvenue à seulement 15 mètres de l’objet insolite, dont elle estima la longueur à cinq mètres maximum, peut-être un peu moins. Bien qu’ils en aient beaucoup parlé par la suite, aucun témoin ne se rappela avoir vu quelque chose d’autre à l’intérieur de cet « œuf transparent » ; aucune autre structure interne ne leur revint en mémoire. La seule chose, c’est que peut-être la luminosité à l’intérieur de l’œuf paraissait plus claire qu’à l’extérieur.
Après s’être communiqué de rapides impressions, ils décidèrent d’interpeller les spectateurs, souhaitant leur faire partager cette incroyable vision.
A ce moment, l’objet démarra très rapidement en émettant un léger sifflement et disparut définitivement derrière un immeuble direction Nord-Nord-Est.
 A ce moment, les témoins se trouvaient alors à  sept ou huit mètres seulement de l’engin.
 
Dérangé et en colère, les spectateurs s’en prirent aux trois perturbateurs en les traitant de « fous furieux » ; et personne ne vit quoi que ce soit dans le public.
Au total, l’observation dura une trentaine de secondes, mais elle alimenta longtemps les conversations du trio d’amis, mais strictement en famille, et qui ne comprirent jamais tout à fait l’origine de cette vision. A noter que Mr V aurait entendu lors de la descente de la rue, des voix bizarres ressemblant à du russe (mais pas les deux autres témoins).

REMARQUES
 
– Au moment de l’enquête Mme V était la dernière du groupe encore en vie.
– Son récit et ses explications ont été associés à une reconstitution opérée sur les lieux mêmes de l’apparition, qui en 1977  n’avaient quasiment pas changés.
– Nous en avons tiré la conclusion que le récit était cohérent avec la topographie et que l’objet insolite semblait s’être positionné de façon à n’être exclusivement visible que par les témoins. Ce constat s’inscrit dans le caractère ostentatoire du phénomène, particularité observée et conceptualisée à la fin des années 70.
– Une recherche sur les coupures de presse de l’époque a montré que l’on parlait déjà de conquête spatiale et de possibilité de lancer des satellites en 1951. C’est aussi l’époque où les premiers hélicoptères (américains) firent leur apparition médiatique, notamment lors de la guerre de corée. Il ne semble pas qu’il y en ait eu en France à cette date  hormis quelques prototypes assez rustiques (3). Interrogée sur ce point, le témoin a formellement dénié qu’il puisse s’agir d’un hélicoptère, qui se surcroît aurait été fort bruyant et n’aurait pu passer inaperçu.
– Beaucoup d’objets en forme d’œuf ont été aperçus lors de visions rapprochées et en faire une liste, même réduite, serait bien trop long et déborderait le cadre de cette enquête ; on ne peut cependant s’empêcher de penser à l’affaire de Valensole, même si dans ce cas, l’objet avait des parties métalliques sur la « coque » et des structures technologies porteuses (axe inférieur central et pâles de stabilisation).
01-  C’est ce qui nous a justement surpris : le fait que rien d’autre que les « pilotes » n’ait été aperçu à l’intérieur de l’objet ovoïde, vu sa transparence. Etait-ce dû à un manque d’attention ou de mémoire sur ce point précis ? Où était-ce réellement vide à l’intérieur ? Et dans ce cas, de quelle sorte de technologie s’agit-il ? autant de questions sans réponses, même si on peut spéculer sur le côté fortement symbolique  de « l’œuf transparent » dans la tradition occidentale. Il y aurait des pages à écrire sur ce sujet passionnant pour l’érudit. A noter qu’un épisode de la série Star streck (fin des années 60) offre un épisode assez semblable avec un pilote barbu sortant d’une machine en forme d’œuf transparent ! A noter, parmi les nombreuses similitudes mondiale, le cas de Vaux en Dieulet (Ardennes) un an avant celui de Beausoleil, mit en scène un œuf transparent presque identique, sans système de propulsion, avec un petit personnage genre bibendum qui se tenait debout en son centre, fixant les témoins avec insistance. Il s’agit d’un scénario à « effet vitrine » classique mais avec deux observateurs (4).
– Le phénomène se produit souvent de manière nocturne et dans des endroits plutôt isolés, vis à vis de témoins souvent seuls ou en duo. Ici rien de tel ; l’apparition eut lieu en pleine ville, de jour et devant trois témoins. Vu les circonstances, on pourrait parler une prise de risque maximale, mais ce cas nous montre aussi que le phénomène peut opérer où, quand, et comme bon lui semble, puis filer en toute impunité au moment opportun. Cette « réactivité » qui découle de l’interaction avec les comportements des témoins, s’inscrit dans « l’elvisness » (la dérobade, la fuite) faisant partie des invariants qui bornent la manifestation et ne souffrent jamais de la moindre exception.
– Le phénomène maîtrise-t-il complètement les données spatio-temporelles de sa manifestation ? Y compris les paramètres aléatoires que représentent les témoins ? Cette hypothèse un peu folle n’en soulève pas moins des questions intéressantes…

NOTES
 
1) Revue Lumières Dans La nuit  n° 175 de mai 1978, pp 9 – 10.
 
2) ADEPS : L’Association pour la Détection et l’Etude des Phénomène Spatiaux, très active durant la décennie 1970-80 comptait plusieurs centaines de membres en région PACA  et éditait un bulletin trimestriel.
 
3) Les premiers hélicoptères opérationnels sont apparus lors de la guerre de Corée (1950-53) où ils ont été massivement employés par les américains (notamment le S.51 de I.Sikorsky) pour le transport de blessés. L’idée remontait loin dans l’histoire (de la Chine du VI° siècle ap J.-C. jusqu’à Leonard de Vinci). Entre 1900 et 1940 l’hélicoptère est resté au stade de projets et à quelques prototypes handicapés par la configuration à double rotor issue des contraintes aérodynamiques et techniques. Pendant la dernière guerre, les Allemands en construisirent deux modèles, dont l’un, le monoplace Flettner FI 282 kolibri, préfigure les générations modernes. En France, des travaux furent menés dès l’après guerre en compagnie d’ingénieurs allemands et aboutirent à un premier prototype, le SR 3101  (juin 48) bientôt suivi du monoplace SE 3110  (1950) ce dernier ayant une forme plus ronde, et surtout le SE 3120 qui fit son premier vol le 31 août 1951 (donc approximativement à la même date que l’observation de Beausoleil). Ce dernier prototype est la véritable matrice de l’Alouette qui sera produite à partir de 1955. Ces appareils étaient bruyants et peu maniables, généralement monoplace, et n’avaient évidemment pas les performances extraordinaires de l’objet décrit à Beausoleil.
 
4) Réf : J. Gonzales : Le dossier des RR3 en France. Edition à compte d’auteur / 2011, pp 22-23.

Enquête / 1977 / E.Zurcher, P & A-M.Maïssa, T.Leplat ./ Re-écriture : E.Zurcher 2009 – 2015.

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