L’avis d’un « sceptique » sur les manifestations ovnienes

Publié le 10/09/2014

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » Voltaire

En 1996, quelque chose d’étrange s’est produit au Royaume-Uni où l’on comptait de nombreux rapports évoquant des lumières étranges dans le ciel, ainsi que des mystérieux engins et soucoupes volantes. Le bureau du ministère de la Défense a recueilli près de six fois plus d’observations que l’année précédente.
 
L’ufologue « septique » David Clarke explique que : « La culture populaire nous renseigne par rapport à ce que nous observons dans le ciel et explique nos différents modes d’interprétations… Vous ne pouvez pas vous empêcher d’être influencé… Nous avons grandi avec des films de science-fiction comme « Independance Day », et personne ne peut s’échapper à cela. Non pas que les gens voyaient le film et s’empressaient de rechercher des ovnis. L’explication viendrait plutot du fait qu’ils élevèrent simplement leur conscience, et donc plus susceptibles de déclarer des observations d’ovnis ».
 
Selon David Clarke, « Les journaux ont même entamé des campagnes relatives aux observations d’ovnis…et les chiffres sont passés de 117 observations en 1995 à 609 en 1996 »

 

 

« Le plus grand pic se situait vers les années 1977/8, à l’époque de la sortie de « Star Wars » et « Close Encounters Of The Third Kind », dit David, « Même s’il existe des anomalies en 1982 par exemple, lorsque le film « ET » est sorti, et qui fut une année particulièrement calme. » « D’un point de vu scientifique et sociologique on ne peut pas se dire : « Bon, ce film sort- nous devons nous attendre à un certain nombre d’observations. » Cela ne fonctionne pas ainsi… Il ne s’agit pas d’une l’hystérie de masse, et ce n’est pas essentiellement le cinéma et les bandes dessinées qui influencent notre culture, c’est plutôt le Zeitgeist (l’esprit du temps). Quand les ovnis sont populaires, les gens les voient plus souvent. »

Pour David, les principales explications aux observations d’ovnis sont les tendances : « Les descriptions des témoins changent avec le temps… Dans les années 50, on décrivait plutôt des soucoupes volantes alors qu’aujourd’hui il s’agit plus de triangles noirs. L’explication de ces influences proviendrait des observations furtives d’avions… Il y a deux explications à cela, soit les étrangers sont conscients de la mode et adaptent leurs manifestations en fonction des différents contextes sociaux-culturels, soit les personnes interprètent leurs expériences à travers ce qui se produit autour d’eux ».

 

L’autre sujet concerne la représentation des étrangers à travers le cinéma : « La description du petit alien gris avec les grands yeux noirs semble dominante… Alors qu’il y a beaucoup d’autres types d’« Aliens » que les gens voient, dont les reptiliens par exemple… Si vous enquêtez sur des témoignages d’humanoïdes en Amérique du Sud, ils ont tendance à être très différents des descriptions d’aliens décrits en général. Leurs expériences sont issues d’un mélange de leurs propres croyances indigènes, et du cinéma occidental. Depuis les premiers travaux de HG Wells, la description courante met en évidence des êtres de petite taille avec une grosse tête et de gros yeux.
 
Selon Clark, il y a juste trop d’expériences avec des êtres extraterrestres différents pour que tout soit vrai.
Il ajoute qu’ « en réalité, dans toute l’histoire humaine, nous pourrions nous attendre à une seule visite, si nous avons de la chance.

En l’absence de preuve, on trouve plus d’explications beaucoup plus rationnelles au niveau de la psychologie, la sociologie, le folklore et de la culture. »

 

Clark écrit sur son blog : « Bien que j’adopte une position de sceptique, je reste ouvert d’esprit quant à la possibilité que certains « ovnis » puissent avoir une origine exotique…». Ma position est identique à celle de Carl Jung ».
 
Pour revenir à l’hypothèse psychobiologique, un des pionniers de la psychanalyse, C.G. Jung, a défendu ce point de vue dans son livre, “ Un mythe moderne, des signes du ciel ”, publié en 1961.

Délaissant l’étude critique des observations d’ovnis, Jung s’est toujours tenu à l’écart du débat sur l’existence réelle, ou l’inexistence, du phénomène ovni.

Sa démarche visait surtout à décrypter le sens des observations. Sans mettre en cause la matérialité du phénomène, et en faisant intervenir au besoin les facultés parapsychiques de l’être humain pour expliquer certains cas, Jung supposait que les ovnis agissent comme des symboles. Or, il s’avère que le symbole est, par excellence, le langage propre du mythe.
Par ailleurs, il existe d’autres domaines où règne le symbole, ce sont les zones obscures de l’inconscient (que ce dernier soit individuel ou collectif) et du rêve.

En conséquence, pour Jung, le mythe, les symboles, et l’inconscient, sont des réalités qui sont en relation directe avec les manifestations du phénomène ovni.
 
Lorsque Jung entreprit son étude sur les ovnis, le terme ovni n’existait pas, et il n’était encore question, à l’époque, que de soucoupes volantes.

 

 

Jung considère que le cercle est l’un des plus puissants archétypes de l’inconscient collectif, et les soucoupes volantes ayant incontestablement une forme circulaire représentent donc une variante moderne de cet archétype.

Le cercle (qui est aussi un mandala) est le symbole de la perfection, du désir d’achèvement total, et de la fusion dans un tout harmonieux. Précisément, Jung constate que l’homme moderne ressent un manque profond d’achèvement, de fusion et d’harmonie.

Cette frustration spirituelle est d’autant plus forte qu’il vit d’une manière “dissociée”, qui relève presque de la schizophrénie.
Le problème avec les ovnis c’est que de nombreuses observations apparaissent cohérentes et crédibles, mais en même temps elles sont nettement incompatibles avec nos connaissances scientifiques actuelles.

Cette situation entraîne une espèce de vide logique que l’imagination humaine essaie de combler tant bien que mal par ses propres fantasmes.

À cela s’ajoute l’indigence spirituelle de l’homme moderne et sa quête désespérée d’une existence harmonieuse et unifiée.
Bref, tout cela fait qu’il en vient à projeter des mandalas jusque dans le ciel. Ainsi les ovnis seraient les mandalas de l’ère technologique. Symboles de totalité et de puissance, les mystérieuses machines volantes qui sont un défi à notre science seraient les réponses les plus modernes à nos attentes spirituelles.
 
Ce qui est peut être souhaitable dès aujourd’hui, c’est que, premièrement, les scientifiques cessent officiellement de nier l’existence du phénomène ovni, et que, deuxièmement, la recherche scientifique vienne enfin combler le vide logique que nous évoquions à l’instant, et ceci, afin de prévenir toute dérive fanatique et sectaire du phénomène.
 
Il n’est pas impossible, en effet, que la libre expression des fantasmes née de l’observation des ovnis engendre des troubles psychiques au niveau individuel et collectif dont nous ne pouvons pas encore mesurer l’impact sur le long terme. Ces troubles pourraient, par exemple, générer des comportements inquiétants capables de menacer la stabilité de nos sociétés.

 

 

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