Jean-Pierre Troadec : j’ai pris rendez-vous avec Luc Dini qui est le Président de la Commission Sigma2. Luc Dini a accepté le principe de l’interview exclusive, en associant, pour les réponses, trois autres membres éminents de cette commission que sont le Général Pierre Bescond, Jean-François Clervoy astronaute de l’Agence spatiale européenne et le Dr Paul Kuentzmann, haut conseiller du Centre français de la recherche aéronautique, spatiale et de défense.
Jean-Pierre Troadec : la Commission technique 3AF Sigma2 vient de publier un rapport à diffusion restreinte, réservé aux membres de la 3AF, « Rapport d’avancement 2015 ». Une synthèse de 6 pages était mise en ligne en juillet 2016 sur le site de 3AF. Sur près de 100 pages est présenté l’état des lieux et les avancées en matière de recherche et de prospective, sur le dossier des PAN/OVNI. J’ai estimé qu’il était d’un intérêt certain de faire le point sur ces travaux émanant d’experts en sciences, en optique, en aéronautique, civils et militaires et qui ne sont pas directement une émanation du CNES/GEIPAN (le GEIPAN est le département ovni qui au sein du centre spatial à Toulouse étudie officiellement le dossier ovni, depuis 1977). Les experts de Sigma2 disent, à propos du dossier OVNI : « la réalité des PAN est incontestable, leu manifestation est multiple ». Une telle prise de position méritait de faire un focus dessus.
Ovnis-Direct : comment voyez-vous aujourd’hui la situation de la recherche ufologique en France ?
Jean-Pierre Troadec : sans rien préjuger des hypothèses et des conclusions qui peuvent être émises, je note que d’un côté il y a le GEIPAN qui est le « label » officiel de cette recherche, et d’un autre se trouvent les groupes privés, sans beaucoup de moyens clairement affichés. Dans l’intervalle on trouve Sigma2 qui bénéficie de signatures de prestige dans la composition de ses membres, conseillers et correspondants, avec toute la dynamique de la 3AF, à laquelle la commission est rattachée. On évolue ici dans un univers où militaires, experts civils de la défense et spécialistes de l’image, de l’optique et de l’aéronautique se côtoient. Cette mosaïque est presque une exception française. Cette configuration hexagonale permet d’asseoir une vraie réflexion sur l’épineux dossier que constitue toujours en 2016 le dossier ovni. Sigma2, que l’on soit pour ou contre ses fondements, est devenue un maillon incontournable de l’approche technique et scientifique du dossier ovni français.
La commission Sigma2 a reçu mandat en 2013 pour mener des travaux d’investigations techniques et scientifiques sur les PANs et a adopté la logique suivante :
1. Entamer des recherches documentaires et la création d’une base de données en vue d’investigations sur des données et des documents dont l’authenticité aura été établie et la qualité évaluée.
2. Construire un réseau technique et scientifique avec, en premier lieu, la construction de liens avec des institutions reconnues dans le domaine des PANs, à commencer par le CNES/GEIPAN.
3. Établir une sélection de cas d’études à partir de bases de données disponibles pour mener des investigations techniques.
4. Entamer une réflexion sur les manifestations physiques de ces phénomènes et leurs liens avec les sciences physiques.
5. Établir un recensement des moyens et techniques d’observation et, en partant d’une analyse physique, faire des recommandations sur l’amélioration des techniques d’observation.