Une arme sonore contre les drones ?

Un article de sciencesetavenir.fr explique que des chercheurs coréens ont montré qu’il était possible de déstabiliser un drone en le soumettant à certaines ondes sonores. Mais le procédé est loin d’être efficace dans tous les cas.

 

 
Structure d’une carte électronique portant des gyroscopes. © genelaix.free.fr
 
Désorienter le système de stabilisation des drones et les faire se crasher en les bombardant… d’ondes sonores. C’est la technologie sur laquelle travaille une équipe de l’Advanced Institute of Science and Technology (KAIST) en Corée du Sud. Leurs expériences ont montré que la chose était théoriquement possible… mais absolument pas exploitable en l’état. L’idée ? Exploiter un défaut technique bien connu de ces dispositifs électroniques miniaturisés que sont les gyroscopes. Ces derniers ont pour fonction de mesurer l’inclinaison de l’appareil selon trois axes, ce qui permet à la machine volante de se repérer dans un espace à trois dimensions et de stabiliser son vol.
 
 
 
« On sait que ce type de dispositif électronique peut entrer en résonance lorsqu’il est exposé à certaines ondes, ce qui dégrade leur précision », expliquent les chercheurs dans un article présenté durant un symposium sur la sécurité qui s’est tenu du 12 au 14 août 2015 à Washington. En effet, une onde sonore consiste en une vibration qui se propage dans l’air. Lorsqu’elle vient frapper une surface (la membrane d’un microphone par exemple), cette vibration se transmet à l’objet touché, qui se met alors à vibrer lui aussi. De la même façon qu’il est possible d’amplifier progressivement le mouvement d’une balançoire en la poussant au bon moment de manière régulière, certaines fréquences sonores bien spécifiques peuvent amplifier les mouvements vibratoires d’un objet de manière très importante. C’est ce qu’on appelle la résonance. Et c’est ce phénomène qui peut dégrader considérablement la précision des capteurs électroniques soumis à de telles vibrations. « L’idée est de voir si cette propriété peut être exploitée de manière à neutraliser un drone », poursuit l’article.
 
 
Pour ce faire, l’équipe a passé au banc d’essai 15 modèles de gyroscopes. Première mission : trouver le talon d’Achille de chacun des dispositifs électroniques. En effet, les fabricants de microélectronique se gardent bien d’inscrire dans la documentation de leur matériel à quelle fréquence résonnent leurs gyroscopes. Les chercheurs ont donc méthodiquement soumis les capteurs à un son dont ils ont fait varier la fréquence tout en enregistrant l’activité des gyroscopes. Si la fréquence est trouvée, cela se traduit par l’envoi de données incohérentes par le capteur. Mais la mission s’est avérée plus compliquée qu’il n’y paraît puisque la fréquence perturbante n’a été découverte que dans un cas sur deux (7 modèles seulement). Il est également à noter que la fréquence fatale varie d’un gyroscope à l’autre, et s’étend du spectre audible aux ultrasons. 

L’équipe a ensuite bombardé les drones vulnérables avec ces fréquences particulières. Mais là encore, les résultats n’ont été concluants que dans un cas sur deux. En effet, dans 10 essais sur 20, les gyroscopes ont été suffisamment perturbés pour provoquer la chute du drone. Et ce bien que les chercheurs aient mis toutes les chances de leur côté en fixant de petits hauts parleurs directement… sur les drones. Néanmoins, dans une configuration idéale, l’équipe a calculé qu’il était possible d’abattre un droneà presque 40 mètres de distance avec un son à 140 décibels réglé sur la bonne fréquence. On est toutefois encore loin d’un dispositif opérationnel pour lutter contre les survols illégaux de ces machines volantes.

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