Pouvez-vous nous informer de l’avancement des travaux de la commission Sigma 2 ?
Concernant l’environnement des PANs, nous avons d’abord identifié des sources d’informations intéressantes, à commencer par le CNES, mais aussi les publications britanniques. Nous avons également noué des relations avec le CEFAA chilien qui nous a fourni un premier cas. Nous avons pris langue avec des organismes scientifiques, tels que le laboratoire de recherche sur la foudre du CNRS (unité de recherche Pégase). Nous avons donc progressé dans la recherche de sources d’informations fiables et l’étude des publications sur les PANs. Nous avons aussi identifié les zones géographiques où des phénomènes sont survenus, où des études ont été menées, mais, aussi, les périodes où des phénomènes sont survenus. Nous nous sommes ainsi procuré des rapports comme celui du Ministère de la Défense britannique publié en 2008., A partir de ces documents, nous avons comparé nos analyses et les leurs. Nous avons aussi identifié des cas de PAN britanniques intéressants et des références aux recherches menées dans d’autres pays, comme en Russie. Nous avons également mis à jour des démarches menées à la fin des années 70 pour partager certaines données (initiatives pour une résolution à l’ONU, sujet évoqué dans les archives britanniques) : ces démarches n’avaient pas abouti à l’époque. En revanche, il semble bien que les recommandations de publications de données par les pays aient été suivies d’effet puisque des rapports ont été publiés dans les années 2000. Concernant les cas britanniques, quelques-uns d’entre eux nous ont beaucoup intéressés, comme le signalement d’une observation faite par des avions Tornado britanniques le soir du 5 novembre 1990 ou bien, encore, les observations radar et visuelles très spectaculaires faites à la base de Lakenheath de la RAF en 1957 ou, enfin, le cas de Shrivenham en 1993 avec des survols dans l’espace aérien britannique concomitants avec une rentrée atmosphérique.
Nous avons aussi amorcé l’étude de cas de PANs sous différents angles. D’une part, nous avons regardé les cas de la base de données du CNES : les cas « D » emblématiques, en se centrant surtout sur ceux pouvant bénéficier de mesures radar, de relevés sur la végétation ou d’échantillons. Nous avons commencé à construire une base de données propre à la commission SIGMA2. Elle contiendra aussi des informations collectées dans la base de données Blue Book américaine. Nous avons aussi recueilli des données brutes, c’est à dire des enregistrements, sur un cas de PAN survenu entre Jersey et Guernesey en 2007. Nous travaillons à l’analyse des données radar de ce cas, ce qui n’est pas facile, car il s’agit de fichiers de données dans des formats informatiques anciens qui ne sont plus utilisés.
À ce stade nous ne pouvons pas encore juger du contenu et de la qualité de ces données. Même si les mesures ne sont pas nombreuses et, parfois, sont d’une fiabilité critiquée par certains (par exemple le cas Amarante, ou celui de Trans-en-Provence), nous essayons de recouper les observables, de comprendre les effets de rayonnement de micro ondes et de les comparer à d’autres cas. Que peut-on dire des comparaisons entre des observations d’interférences avec des équipements électriques ou électroniques et des effets de rayonnement sur la végétation, ou d’interaction avec l’atmosphère ? Y a-t-il des similitudes ? De la même façon, nous nous intéressons aux similitudes entre la cinématique et les rayonnements émis par certains plasmas comme la foudre en boule et les observations de PANs, qui dans un cas comme dans l’autre, peuvent être animés de grandes vitesses et changer de trajectoire brusquement. C’est la raison pour laquelle nous avons commencé à travailler avec le laboratoire de recherche sur la foudre du CNRS.
Comme vous le voyez, plutôt que faire des découvertes, nous posons des questions de nature technique et scientifique et nous tentons de leur trouver des réponses. Mais il faut du temps. À trop se précipiter, on peut aussi faire des erreurs d’interprétation.
Nous menons aussi des actions de progrès sur les techniques d’observation. Là encore, nous avons d’abord constaté que certaines observations optiques (ou visuelles) sont intéressantes, mais insuffisantes, car manquant de données radar complémentaires pour lever les ambiguïtés sur la vitesse ou la distance (le cas du PAN chilien « Cougar » sur lequel nous reviendrons est très démonstratif de ce point de vue, comme nous l’avons montré). Inversement, les phénomènes dont le comportement cinématique ou radioélectrique est assez atypique, voire imprévisible en comparaison de celui d’un avion, peuvent échapper aux systèmes de détection et de surveillance aériens radars classiques, tout comme une météorite d’ailleurs. En effet, les capteurs correspondants sont souvent optimisés pour détecter une cible dotée d’une cinématique connue. Mais nous avons identifié des travaux très intéressants et prometteurs, comme ceux de l’IMCCE1 qui met en place le réseau Fripon constitué de caméras d’observation de météorites couvrant tout le territoire français de façon permanente. Un tel réseau pourrait être utilisé pour observer d’autres phénomènes, imprévisibles géographiquement ou temporellement, très rapides comme les sprites2, la foudre en boule ou
les PANs.
Depuis 2017, nous avons d’ailleurs entamé des discussions entre certains de nos experts, des étudiants de l’école 42, des chercheurs de l’observatoire de Paris, mais aussi du CNRS, pour débuter des travaux sur des algorithmes qui pourraient être utilisés pour perfectionner ces réseaux et permettre l’observation des différents phénomènes. C’est un travail de longue haleine. Nous sommes optimistes, mais ne pouvons pas faire plus, dans la limite des ressources disponibles et du bénévolat de nos membres.