Les perspectives d’une mission de retour d’échantillons de Mars ou même d’une mission habitée vers la planète rouge sont de plus en plus réalistes.
Néanmoins, les dangers d’une invasion biologique en provenance de l’espace ou d’autre part, ainsi que les risques de contamination de corps célestes par des microbes terrestres attirent de plus en plus l’attention de la communauté scientifique.
Il y a bien évidemment des raisons de s’inquiéter. Il existe de nombreux exemples dans le passé où lorsqu’un microbe, plante ou un animal quasiment inoffensif dans son habitat d’origine, a par la suite causé des ravages lors de son transfert vers un autre continent. Par exemple les lapins en Australie ou récemment le germe qui a décimé la population de chauves-souris en Amérique du Nord.
On se souvient des autochtones d’Amérique qui ont subi les conséquences désastreuses de leur exposition aux maladies européennes telles que la variole ou la rougeole.
Il ne fait aucun doute qu’un organisme biologique totalement étranger à l’environnement terrestre pourrait causer de graves dommages imprévisibles.
Afin de comprendre les actions de préventions face à une éventuelle épidémie de « fièvre de l’espace », ou une invasion de « parasites de l’espace », le magazine américain « Space Safety Magazine » a interviewé Margaret Race qui est une écologiste et experte sur la protection planétaire, du SETI.
Basé dans la Silicon Valley, en Californie, l’Institut SETI est une organisation à but non lucratif qui vise à explorer, comprendre et expliquer l’origine, la nature et la prévalence de la vie dans l’univers.
Extraits :
Margaret Race (MR) : En général, ma recherche a porté sur les perturbations écologiques, les espèces exotiques, et la gestion de l’environnement. Ma thèse en écologie était axée sur un fléau qui a envahi la baie de San Francisco après la ruée vers l’or (venu à l’intérieur des barils d’huîtres expédiées par l’intermédiaire du chemin de fer transcontinental!). Plus tard, j’ai étudié, à l’Université de Californie à de Berkeley, les impacts environnementaux des OGM. Ensuite, j’ai collaboré avec « l’Office de Protection Planétaire » de la NASA dans le domaine de l’analyse des problèmes de biosécurité. C’est-à-dire dans l’élaboration de protocole de sécurités dans le cadre de mission en provenance de Mars, pour l’analyse d’échantillon.
Des précautions particulières doivent être prises pour éviter la contamination de notre espace terrestre, et protéger les échantillons afin de ne pas nuire à leur exploitabilité.
MR : Depuis le début de l’ère spatiale, le Traité de l’espace (1967) a exigé que les nations de lancement prennent des mesures dans le but de réduire les contaminations croisées, lors d’explorations. Nous voulons éviter les faux positifs, c’est-à-dire être vigilant à toute sorte de confusion entre les organismes terrestres et extraterrestres lors de leurs études. Mais aussi éviter des expositions non confinées de tout ce qui serait susceptible de constituer un réel danger biologique pour nos espèces.
La politique internationale dans ce domaine exige une approche prudente lors des missions spatiales, y compris lors des manipulations et des essais de matériaux provenant d’autres planètes, notamment des environnements tels que Mars, avec des conditions potentiellement habitables.
L’ « US National Research Council », lorsqu’on les interroge sur le retour d’échantillons de Mars, a indiqué que, bien que les risques soient extrêmement faibles, ils ne peuvent pas être considérés comme nuls. Il est donc essentiel de procéder à une stricte maîtrise mise en quarantaine jusqu’à ce que des tests scientifiques rigoureux indiquent que de telles précautions ne soient plus nécessaires.
SSM : Quelles sont les plus grandes préoccupations pour un retour d’échantillons de Mars?
MR : La principale préoccupation sera d’isoler et protéger les matériaux contenus avant d’effectuer des batteries de tests scientifiques. Il est important de pouvoir déterminer si des microbes martiens sont détectés ou pas dans les roches, les cailloux et la poussière. En outre, nous devons nous assurer de garder les échantillons retournés en parfait état tout au long du processus de test afin de ne pas nuire à leur intégrité et valeur scientifique. Et nous assurer que tous les tests biologiques dangereux se sont effectués avant toute libération de matières vierges à l’extérieur du laboratoire de confinement biologique.
SSM : Le retour d’Apollo 11 en provenance de la Lune représente sans soute le parfait exemple de mesures de prévention prises afin d’éviter une possible contamination de l’environnement terrestre. Que pouvez-vous nous en dire ?
MR : Au cours du programme Apollo, il y avait une quarantaine de tests élaborés à tous les niveaux de la mission parce que nous ne savions pas si la Lune abritait une vie extraterrestre.
La bonne nouvelle est que nous savons aujourd’hui, grâce à des études approfondies, que la Lune est stérile, et que sa quarantaine stricte et les mesures de protection planétaire ne sont plus nécessaires dans le cadre de missions lunaires. Ce qui n’est pas le cas de la planète Mars où tous les équipements sont stérilisés de retour de ce type de missions.
SSM : Dans quel sens les mesures de protection planétaire affecteraient de possibles futures missions habitées vers Mars ?
M : Lorsque des équipages humains sont impliqués dans des missions de longue durée vers Mars, il est nécessaire de créer de nouveaux protocoles de tests. Les astronautes ne se sont pas posés sur une surface planétaire depuis « Apollo », qui remonte à longtemps.
La NASA est en cours de réalisation de ces nouveaux impératifs de sécurités pour les prochaines missions habitées.
Traduction par Ovnis-Direct